Fin de l'après-midi, alors qu'Azura était dans son temple à observer cette horrible carte qui continuait de se recouvrir d'obscurité dans les terres du Nord, elle ressentit un appel, une douce prière sincère et humble tournée vers elle. Le regard changea, Azura devenait Artémis et se tourna vers la lune pour répondre à l'appel de son Ange, un léger sourire sur les lèvres face à sa victoire!

Elle se tourna vers ses servantes, rien qu'à son regard, elles savaient toutes à qui elles avaient affaire. Le bras tendu, la déesse de la lune préparait ses ordres

«Que tous les quartiers des gardes soient évacués. Ils iront désormais dans le village en contrebas pour protéger les populations. Dépêchez-vous! Nous allons avoir des invités, une puissante armée qui se joindra à nous dans la guerre qui se prépare!»

Toutes les servantes et les serviteurs se dépêchèrent, se rendant ventre à terre dans les quartiers les plus bas du temple, là où la garde d'Artémis protégeait en temps normal les remparts. Évidemment, elle gardait ses Ailes, ses Anges et ses Héros près d'elle, ils resteraient toujours ses derniers remparts en qui elle mettait sa confiance! Mais les nouveaux soldats de Koslov allaient être ainsi les premiers à défendre les lieux, une manière de voir si ce russe serait vraiment leur allié.

Il fallut un certain temps pour évacuer tout le monde, pendant ce temps, Artémis avançait, descendant les nombreuses marches menant de son temple à la zone réservée aux futurs soldats. C'est alors qu'un message apparut devant elle sans prévenir, l'arc de la déesse apparut alors dans sa main et elle le braqua sur l'intrus
«Comment avez-vous pu vous introduire ainsi dans mon Sanctuaire?»
L'homme sourit et s'avance alors qu'une lettre tombe de nulle part depuis le ciel. La déesse de la lune s'en saisit, ses mains se mettent à trembler lorsqu'elle lit les premières lignes...

« A toi ma chère sœur, défendant au péril de ta vie tes convictions, reçois ce présent qui est un de mes derniers souvenir en ce monde. Prends en soin ! C'est un objet rare et précieux. Quittant ce monde je te le confie, je sais qu'il sera entre de bonnes mains.
-Hermès »

Une larme coula sur la joue de la jeune femme alors que le messager lui remettait un étrange présent. Son arc disparut, elle le prit délicatement et l'ouvrit... à l'intérieur, se trouvait un œuf, un œuf étrange, dégageant une aura particulière qui la rendait pourtant sereine

«Quelle folie as-tu entreprise... tu aurais du accepter mon aide.» elle savait que seule son enveloppe charnelle était morte, et que tôt ou tard, il se réincarnerait... mais Artémis était profondément peinée de cette perte et serra un instant le précieux œuf contre elle, le messager avait disparu.

Une servante s'approcha, inquiète de la voir ainsi sans bouger
«Ma Dame? Est-ce que... est-ce que tout va bien?»
«Oui. Tenez. Mettez ceci dans ma chambre, soigneusement posé sur un coussin et près d'une source de chaleur. Prenez-en grand soin, autant que s'il s'agissait de mon enfant, ai-je été claire?» la servante eut un hoquet de surprise en voyant l'œuf, mais elle le prit précautionneusement dans ses bras, le tenant comme elle tiendrait un enfant. Elle s'inclina et partit en marchant doucement pour ne pas prendre le risque de trébucher, Artémis regarda la femme s'éloigner avec le cadeau d'Hermès, puis elle se retourna et prit une profonde inspiration, s'adressant directement à Abercius par le biais de son pendentif

«Abercius, mon Héros. Je te félicite pour ta victoire. Les armées de Koslov sont les bienvenues ici. Venez, entrez... mais je vais devoir utiliser une grande quantité de cosmos pour ouvrir le portail, je compte sur toi pour passer en premier et assurer ma protection lorsque tu arriveras.»

Le sol se mit à trembler, un immense portail apparut en Russie dans l'enceinte du camps de Koslov, le même se tenait juste devant la divinité. Assez grand pour qu'une dizaine d'hommes passent à la fois! Les gardes entouraient Artémis, prêts à la protéger au cas où, mais aussi à indiquer aux nouveaux venus où ils pouvaient s'installer.


Lorsque le portail fut ouvert, Artémis demeurait immobile, les bras ouverts... elle devait maintenir le portail, cela demandait beaucoup d'énergie, et on ne pouvait pas dire que son hôte en avait beaucoup. Ils avaient intérêt à faire vite.

Abercius attendait patiemment ce qu'allait décider Artémis. Il n'avait guère de doute et il était persuadé qu'elle allait accueillir Koslov et ses hommes. Comme il l'avait prévu, il ne dut pas attendre très longtemps, car sa déesse répondait déjà à sa prière. Il décida de communiquer avec elle via un lien télépathique.

*Ne vous inquiétez pas déesse Artémis. Je passerai en premier et je demanderai à Koslov de me suivre une vingtaine de secondes plus tard. Je ne laisserai personne s'attaquer à vous !*

Leur échange terminé, Artémis fit usage de ses divins pouvoirs. Un cosmos surpuissant fit son apparition à l'endroit exact où se trouvait le camp militaire. Il l'englobait totalement avant de se concentrer en un point précis. De là, surgit un portail dimensionnel. Sous le regard ébahi des soldats, Abercius s'adressa à l'ancien guerrier divin.

- Général Kosolv, il est temps pour nous de quitter cette base. Nous devons faire vite, car nous sommes nombreux et les efforts pour maintenir le portail ouvert demandent une grande quantité d'énergie. Toutefois, je vous demanderai de me laisser en premier. Ensuite, au bout de vingt secondes environ, vous pourrez passer avec vos hommes et votre matériel.

Devant le regard suspicieux du militaire, il ajouta.

- Vous avez bien compris. Je passerai d'abord afin d'assurer la protection de ma déesse. Ne le prenez pas mal, car il n'y a aucune attaque personnelle dans ma remarque, mais je n'ai pas confiance en vous et ma déesse est vulnérable. Vous savez ce que c'est, n'est-ce pas ?

L'ange faisait référence au passé d'ase du gradé. Protéger son dieu coûte que coûte devait avoir une résonance pour lui et Abercius pensa honnêtement que Koslov comprenait sa méfiance. Ceci étant dit, le jeune Grec franchit le portail. En une fraction de secondes, il se retrouva au sanctuaire de la lune. Son sanctuaire !

En voyant, Artémis et le corps d'Azura, il eut envie de sourire. Cependant, le jeune homme se retint. Il était encore en mission et il savait faire la part des choses. Le travail avant tout ! Il fit quelques pas en direction de sa divinité. Lorsqu'il fit tout près d'elle, il toucha son pendentif et se para de sa belle glory dorée. Il s'inclina devant elle.

- Je suis de retour ô Artémis. Votre protection est assurée. Koslov arrive.

Il se retourna alors face au portail et attendit la venue de Koslov et ses hommes.

Le pendentif autour du cou d'Artémis se mit à briller alors qu'Abercius usait de ce pouvoir pour lui répondre. Elle demeurait donc parfaitement immobile, puisant dans chaque goutte de son cosmos pour accueillir cette nouvelle armée qui allait lutter à ses côtés.

L'Ange fut donc le premier à passer le portail, les gardes avaient d'abord braqué leurs armes sur lui avant de les retirer pour le laisser passer
«Bon retour parmi nous, Maître Abercius.» ils s'inclinaient tous respectueusement alors que l'Ange se plaçait aux côtés de sa déesse. Celle-ci n'ouvrit pas les yeux, mais il pouvait déceler un semblant de sourire au coin des lèvres de la jeune femme, Azura était heureuse qu'il soit revenu sain et sauf.

Les gardes reprirent leur position, et Koslov fut le premier à franchir le portail avec une dizaine de ses hommes, le passage ébranla la déesse qui trembla, ses jambes semblaient flancher et l'une de ses servantes se plaça derrière elle pour la soutenir.
«Maître Abercius, il vaudrait mieux vous charger de l'accueil de nos invités pour le moment, Dame Artémis ne pourra pas tenir longtemps.» Koslov de son côté admirait la divinité qui déployait une puissance considérable pour maintenir ce portail ouvert.

Traverser les dimensions n'était pas à la portée de tout le monde, et même pour un Dieu, déplacer ainsi une telle armée ne pouvait se faire en un claquement de doigt. Koslov fit signe à ses hommes de se dépêcher pour ne pas que la divinité s'épuise inutilement. Il fallut cependant près d'une demi-heure pour que les quelques trois cents hommes de son armée s'introduisent dans le Sanctuaire, chacun se tenant le col sous la chaleur, malgré la nuit qui tombait, il faisait clairement plus chaud ici qu'en Russie.

Lorsque le portail se referma, Artémis ouvrit les yeux mais fut prise d'un vertige, sa servante la rattrapa, mais la déesse se redressa bien vite pour prendre une posture digne et droite.
«Général Koslov, je vous souhaite la bienvenue dans mon Sanctuaire.» le Général s'avança, une main sur le ventre, il s'inclina avec un sourire des plus charmeurs
«Déesse Artémis, c'est un honneur pour moi que de me retrouver dans vos rangs. Il est agréable d'avoir enfin la possibilité de voir une divinité qui se permette d'agir en ces temps de guerre.» un filet de sueur coulait le long de la nuque de la déesse, elle faisait de son mieux pour se maintenir, mais le corps d'Azura avait grandement souffert du pouvoir dégagé. Elle gardait donc un air grave. Elle comprenait qu'il parlait surtout des dieux d'Asgard, Koslov était un ancien partisan d'Odin, hors celui-ci ne se montrait pas beaucoup ces derniers temps... ni même Freyja. Seul Loki paraissait agir en ces temps troublés.

«J'ai libéré les quartiers de mes gardes pour qu'ils soient à la disposition de vos hommes. Je pourrai ainsi mieux assurer la protection des villages qui entourent mon Sanctuaire en y laissant mes propres hommes. Malgré tout, sachez que l'accès aux temples sera interdit à vos soldats, vous seul serez autorisé à y entrer.»
«Évidemment, et j'apprécie le fait d'y avoir un accès moi-même.»
«Bien. Je dois me retirer. Mes serviteurs vous guideront. Abercius?» elle tendit son bras afin qu'il l'aide, certes, c'était fait de manière à ce qu'il ne soit que son accompagnateur et non son soutien, elle devait se montrer forte en toutes circonstances... ils devaient regagner son temple pour qu'il lui explique clairement les circonstances de la mission et la raison pour laquelle ils se retrouvaient à héberger cette armée. Ce n'était pas prévu, même si c'était une bonne chose au fond.

Abercius attendait de pied ferme que le général Koslov et ses hommes franchissent le portait que générait et maintenait la déesse de la chasse. Il faisait tout pour ne pas laisser transparaître ses sentiments, mais il était heureux de les revoir. Il avait l'impression que les deux âmes partageants un même corps étaient tout aussi contents que lui.

Pourtant, l'heure n'était pas encore aux réjouissances d'heureuses retrouvailles. Ils devaient tous rester sur leur garde. Une fois de plus, la situation pouvait dégénérer à chaque instant. C'était à ce moment-là que Koslov et une poignée d'hommes traversèrent le portail non sans conséquence. Artémis vacillait effectivement légèrement. Abercius eut un moment d'hésitation. Il aurait pu certes soutenir sa déesse, mais il devait garder un oeil sur les militaires. Il se devait d'agir en toutes circonstances sans être gêné. Heureusement, une des fidèles servantes de la déesse se précipita pour l'aider. Juste ce qu'il fallait afin de pas exposer à la face des invités les difficultés qu'éprouvaient Artémis. D'un signe de tête, l'ange répondit par l'affirmative à la requête de la servante.

Finalement, au bout d'une demie-heure environ, tous les hommes et leur matériel avaient rejoint Ephèse et le sanctuaire de la lune. Artémis avait déployé une quantité phénoménale de cosmos et elle manqua de s'évanouir. Une fois de plus, l'efficace servant la soutint élégamment. Forte, déterminée et indépendante, Artémis se redressa aussitôt. Elle ne montrerait aucun signe de faiblesse et d'épuisement.

Elle accueillit Koslov comme il se devait. L'ange regardait ce dernier faire son cinéma. Si son visage restait placide, le toupet du militaire le titillait. Quelques heures avant, il refusait en effet, leur proposition de les rejoindre. Le jeune Grec se dit que l'ancien guerrier d'Odin était un beau parleur dont il fallait se méfier.

D'ailleurs, le fait que sa divinité lui accorde une certaine liberté de mouvement au sein du sanctuaire ne l'enchanta guère. Il y avait un je ne sais quoi chez ce type qui le dérangeait. Pour le bien de tous, il garderait un oeil sur lui. Artémis l'interpella alors et il comprit que le temps de faire son rapport était arrivé. Elle déploya son bras dans sa direction et avec toute la délicatesse et la politesse dont pouvait faire preuve les diplomates, il la soutint délicatement. Abercius lui jeta un regard furtif. Il éprouvait en cet instant de la fierté et de l'admiration en voyant l'attitude de celle qu'il protégeait. Quelle élégance !

D'un signe de tête, il salua Koslov puis en compagnie d'Artémis, ils prirent la direction du temple de cette dernière. Ils avaient énormément de choses à se dire.

Tenir un portail de cette envergure pendant une demi-heure, voilà qui allait rendre Azura fébrile pendant plusieurs jours. Autant si Artémis avait été dans sa propre enveloppe corporelle au maximum de sa puissance, cela aurait été un jeu d'enfant, mais quand on choisit de se réincarner dans un corps humain, on doit en subir les conséquences. L'enveloppe humaine est bien plus fragile que le corps divin. Malheureusement, comme beaucoup d'autres, Artémis avait perdu cette enveloppe il y a bien longtemps.

Soutenue par Abercius, elle remonta les nombreuses marches du Temple pour rejoindre son trône, en chemin, ils croisèrent des Ailes, ces guerriers de bronze qui allaient surveiller leurs nouveaux hôtes. Chacun s'inclina respectueusement autant devant leur déesse que devant Persée avant de poursuivre leur route. Malgré les réticences à accueillir cette armée au sein du Sanctuaire, la déesse de la lune avait pensé à tout.

Une fois dans son temple, elle s'installa sur le trône et se laissa aller à la fatigue, la tête penchée en avant, elle se lâcha un peu et poussa un soupir de soulagement. Une servante s'approcha avec une vasque remplie d'eau et une serviette, elle attendit tout de même l'aval de sa déesse, ignorant si elle pouvait s'occuper d'elle en présence d'un Héros. Mais Artémis la vit et acquiesça juste d'un signe de tête tout en invitant Abercius à s'assoir sur le siège à côté d'elle, un siège qui rappelait également un trône, mais moins décoré avec du velours bleu.

La servante s'approcha donc et commença à appliquer la serviette humide sur la peau de la déesse, sur le cou, le visage et le décolleté pour calmer sa fièvre, pendant ce temps, la déesse s'était redressée, bien droite sur son trône pour fixer Abercius d'un air fatigué
«Je te félicite, Abercius... cependant, je me demande bien ce qui a pu se passer pour que Koslov choisisse de rejoindre notre Sanctuaire là où il était invité à lutter aux côtés d'Athéna.» sa voix était un peu faible, mais ferme. La servante avait fini et lui servit à boire, alors que la déesse prenait le verre, sa main tremblait. Elle allait bientôt devoir laisser place à Azura pour pouvoir se régénérer.

Mais elle devait entendre le rapport d'Abercius au complet avant, d'un regard bienveillant, elle l'invita à tout lui raconter, alors que la servante se dirigeait désormais vers lui pour lui proposer également à boire et à manger.

Abercius avait toujours la main de sa déesse dans la sienne. La douceur de la peau d'Azura était une sensation des plus agréable et l'ange aurait voulu porter Artémis jusqu'à son temple. Il savait pourtant que cela était impossible. Le protocole voulait qu'un dieu ne montre pas ses faiblesses ou du moins, il devait les cacher le plus possible.

Enfin, le temple de la lune fut visible. Elle prit place sur son trône et une servante se présenta à elle pour la soulager de sa fatigue. En effet, Artémis ne dissimulait plus celle-ci. Elle était harassée et la servante l'épongea doucement avec un tissu humide. Assis sur son siège, Abercius évitait de regarder la déesse de la lune. Il y avait un respect et une pudeur qui faisaient que Persée ne pouvait poser ses yeux sur elle à ce moment précis. Il fut cependant obligé de le faire lorsqu'Artémis lui adressa la parole.

Abercius avait retiré son casque. Il posa celui-ci sur une sorte de tabouret rembourré et remonta le fil de ses derniers évènements afin d'en faire part à Artémis.

- Comme prévue, la tache fut ardue. Tout d'abord, je rejoignis les saints d'or à Saint-Pétersbourg. Finalement, je les trouvais sans difficulté grâce à vos indications. Seulement sur place, Saga, le chevalier d'or des Gémeaux chercha immédiatement à engager le combat avec moi. Bien entendu, je fis tout mon possible pour le refuser. Heureusement qu'un second saint était là, car ce dernier était beaucoup plus raisonnable. Camus du Verseau me laissa effectivement le bénéfice du doute et comprit aussitôt l'opportunité que représentait ma présence à leur côté. Ensemble, nous partîmes donc à la rencontre de Koslov.

Il but une gorgée de l'excellent verre de vin que venait de lui tendre une servante et reprit.

- Nous étions en approche du camp de Koslov lorsqu'à notre grande surprise, une Walkyrie nous chargea. Du nom de Rivia, cette dernière prétendait être au service de la Freyja. Je fus tout mon possible avec l'aide de Camus pour empêcher un combat, mais une fois encore, ce va-t-en-guerre de Saga et la Walkyrie échangèrent des coups. Koslov avait ressenti cela semble-t-il, car la manifestation des cosmos générait une tornade des plus inquiétantes. Ils se calmèrent heureusement lorsque Rivia comprit le sens de notre démarche. Ce fut une chance, car sa présence était un atout diplomatique.


La main tremblante d'Artémis l'inquiétait quelque peu, mais il poursuivit.

- Enfin, nous finîmes par rencontrer le général. L'accueil fut évidemment glacial. Malgré toutes nos tentatives, ce dernier refusait catégoriquement de nous rejoindre. Il faut dire qu'encore une fois, le chevalier des Gémeaux avait une attitude qui ne nous facilitait pas la tâche. Seule la Walkyrie avait grâce aux yeux de celui que nous étions venus voir ! Par chance, elle partageait notre vision. Seulement, ce ne fut pas elle qui fit pencher la balance. En effet, un puissant berseker se présenta à nous. Il était venu nous déclarer la guerre, le général y comprit !

Il fronça les sourcils en repensant à Caleb. Ce dernier l'avait frappé sans qu'il puisse répondre. Son orgueil en avait pris un coup.

- Comme on pouvait l'attendre de la part d'un fou de guerre, il nous agressa. Si Camus et moi-même refusions d'en découdre, Rivia et Sage ne se génèrent pas pour le faire. L'instant était critique. Léonidas nous défiant notamment en combat lors d'un tournoi. Au final, Saga se sacrifia afin de l'éloigner de nous. La saint fut malheureusement gravement blessé dans la manœuvre. Quant à Rivia, elle quitta le champ de bataille. Il me semble qu'elle soit aller rejoindre Asgard. Se sentant menacé, à juste titre par Ares, Koslov décida alors de se joindre à nous. Je pris l'initiative de lui dire que vous ne refuserez pas de l'accueillir. c'est à ce moment que je vous ai contacté. Voilà, je crois que tout a été dit.

Vidée de son cosmos, Artémis avait du mal à garder possession du corps d'Azura. Mais elle tenait bon, cherchant à comprendre ce qui avait pu se passer en Russie pour qu'Abercius revienne avec l'armée qui aurait du revenir à Athéna. Elle but une gorgée de nectar d'Ambroisie, cela lui redonnait un peu de force, sans pour autant lui permettre de se régénérer totalement. Ainsi, il y avait eu bien des invités pendant cet entretien, une Valkyrie puis carrément Caleb de Leonidas... sans qu'Abercius n'apporte la précision du berserker, elle savait de qui il s'agissait

«Par Zeus... pour qu'un berserker se permette d'intervenir en présence de trois guerriers aussi puissants que vous, il ne pouvait s'agir que de Caleb de Leonidas...» elle se mit à trembler alors qu'une légère douleur envahissait sa poitrine, elle n'avait plus beaucoup de temps «Abercius. Tu dois te méfier de Leonidas. Il n'est pas seulement un titanium, il dispose d'un pouvoir quasi divin grace à son lien avec Arès. En tant que dieu de la guerre, mon frère est capable d'insuffler aisément son pouvoir belliqueux à ses sbires, et je sais que Caleb est l'un de ses préférés. Si tu ressens en lui le pouvoir divin, ne cherche jamais à l'affronter. C'est probablement un miracle que Saga des Gémeaux en soit ressorti vivant.»

Sa voix s'étouffait, elle avait basculé la tête en arrière et sa servante se précipita, morte d'inquiétude
«Madame, cessez de parler, vous êtes épuisée»
«Juste une dernière chose... Abercius... Hermès est mort. La guerre d'Asgard est en cours, Azura saura te montrer son avancement. Nous avons perdu un allié précieux, préviens Azura.» elle eut un léger sourire, puis ses yeux se fermèrent et elle s'évanouit.

La servante s'approcha, la main tremblante, puis se tourna vers le Héros
«Maître... je vous en prie, pourriez-vous porter Dame Artémis dans sa chambre? Je n'ose demander à l'un de nos serviteurs.» après tout, porter la déesse de la lune ne devait être réservé qu'à quelques rares élus, et la servante supposait qu'Abercius en faisait partie. Le cosmos de la déesse s'était totalement tu, vidé de ses forces, elle avait besoin de se régénérer à présent. Elle paraissait si fragile, si mortelle...

A l'annonce du nom du berseker, Abercius hocha la tête. C'était effectivement comme cela que se nommait celui qui les avait défiés. Ainsi donc, tous les autres et lui avaient passé près d'affronter un guerrier possédant un pouvoir quasi-divin. Ce qui expliquerait l'état de Saga. L'ange avait encore en tête le visage brûlé du chevalier d'Athéna. Peu importe, s'il osait s'opposer à Artémis, il le défierait sans aucune hésitation. La mort ne lui faisait pas peur.

Cependant, pour le moment, ce n'était évidemment pas Ares et ses hommes qui inquiétaient le fils de diplomate, mais bien l'état de sa divinité et d'Azura. Artémis était à court d'énergie et il était étonnant de la voir dans un tel état de faiblesse.

- Bien dame Artémis. Je comprends, ne vous inquiétez pas pour ce berseker, reposez-vous !

Artémis n'en avait pourtant pas terminé. Elle avait encore quelque chose à confier à Artémis. Loin de se douter de quoi que ce soit, l'ange se tenait prêt à secourir celle à qui il avait juré fidélité. Ses servantes mortes d'inquiétude s'attendaient aussi à intervenir. Pourtant, la soeur d'Apollon tenait absolument dire une dernière chose à son protecteur avant de se laisser à un repos bien mérité.

Les oreilles d'Abercius résonnaient encore. La déesse de la lune venait de lâcher sa bombe. Le jeune Grec en resta bouche bée. Hermès était mort ! Il n'en revenait pas. Un être divin, un dieu de l'Olympe était tombé. Que se passait-il donc en Asgard ? L'ennemie devait être terrible ! Le sourire que lui adressait sa déesse effaça à peine sa mine surprise. Ce fut la voix de la fidèle servante de la déesse qui le ramena à la réalité.

- Oui, je m'occupe d'elle. Préparez sa couche je vous prie.

Les servantes s'exécutèrent et Abercius souleva délicatement Artémis. Il la fixa tendrement. Son regard était bienveillant et à ce moment personne n'aurait pu toucher un seul cheveu d'Artémis/Azura, pas même Zeus ! Doucement, il se dirigea vers sa chambre. Lorsqu'il y pénétra, les servantes étaient là. On pouvait lire sur le visage une immense inquiétude. Abercius leur sourit afin de leur redonner confiance. Il tint aussi à leur adresser un petit mot de réconfort.

- Ne vous inquiétez pas. Dame Artémis est une déesse. Il en faut plus pour l'atteindre. N'oubliez pas aussi que c'est Azura qui lui sert d'hôte !

Ses paroles prononcées, il la posa délicatement. Les servantes attendaient avant d'agir. Il comprit qu'il devait quitter la pièce.

- Je vais rejoindre mon temple. Avant cela, je vais aller voir le général Koslov. Dès qu'Azura se réveillera faîtes moi appeler.

Il quitta alors la chambre. A peine eut-il franchi la porte qu'il porta la main à son pendentif afin de retirer sa glory. Il prit alors le chemin menant aux quartiers des militaires.

Même si Abercius avait quelques faveurs d'Azura, il ne pouvait tout de même pas demeurer dans sa chambre alors que ses servantes allaient s'occuper d'elle. Elles approuvèrent d'un signe de tête lorsqu'il demanda à être appelé une fois qu'elle serait réveillée, puis il quitta la pièce. De là, elles s'affairèrent à changer les vêtements de la dame, elle était en deuil, aussi il convenait de l'habiller en noir. Elles s'assurèrent que leur déesse était bien installée, puis elles décidèrent d'un système de rotation pour qu'il y ait toujours quelqu'un auprès d'elle pour veiller sur elle et être présente lorsqu'elle se réveillerait.

Du côté de l'armée de Koslov, les hommes s'installaient tranquillement. Les temples des Ailes étaient destinés à l'usage d'un seul homme par temple, aussi il fallait aménager des lits de fortune pour qu'ils puissent y dormir à plusieurs. Il y avait largement la place de toute manière! Les servants s'affairaient à apporter des matelas et des couvertures, ils allaient devoir en faire venir du village d'à côté, de toute évidence, l'arrivée de l'armée allait faire prospérer les affaires des villages environnants!

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Hardin Koslov
Alors qu'Abercius descendait les nombreuses marches menant aux quartiers des Ailes, il pouvait croiser des servants qui allaient et venaient pour s'assurer du confort de leurs invités. Certains portaient des victuailles, d'autres des linges. Koslov se tenait debout, et surveillait l'installation d'un œil assuré
«Les serviteurs de la déesse Artémis ne sont pas les vôtres! Débrouillez vous tous seuls au maximum et ne leur demandez que ce que vous ne pouvez faire ou trouver par vous-même!!» il avait perdu son regard de séducteur maintenant qu'Artémis n'était plus dans le coin. Cet endroit était beaucoup plus grand que le campement où ils étaient, et ses hommes allaient malgré tout bénéficier d'un plus grand confort en étant ici. Il ne fallait pas en abuser. Il était conscient que même s'il prêtait ses forces à la déesse de la lune, elle lui sauvait surement la vie en lui offrant la sécurité de son Sanctuaire face à la colère d'Arès.

Il sentit le cosmos d'Abercius arriver de loin, il se tenait donc prêt à la conversation et se tournait déjà dans la direction d'où il venait. Ses hommes s'affairaient à installer les matelas à même le sol dans les chambres des Ailes, il y avait de quoi mettre au moins une dizaine de matelas rien que dans ces chambres, et ils pouvaient également en mettre dans les salles d'entraînement. Ils essayaient malgré tout de ne pas dénaturer les lieux en s'installant de manière discrète, ça prendrait un peu de temps pour caser tout le monde.

Abercius avançait à pas lents en direction de Koslov. L'ange appréciait son retour à la maison et rien n'avait changé durant son absence. Enfin, si, il y avait quelque chose qui avait changé. Les serviteurs d'habitude si discrets et calmes s'affairaient. En le croisant, certains prenaient à peine le temps de le saluer avec respect comme l'exigeait son rang. Abercius ne s'en formalisa pas pour autant, car il comprenait leur difficulté et la tonne de travail qui allait avec. Chacun avait un rôle à jouer et il était content de voir que ces derniers étaient aussi dévoués que lui envers Artémis.

Le général était maintenant à porter de vue. D'ailleurs, celui-ci se tourna vers lui. Il avait ressenti son cosmos et c'était avec son regard dur de militaire et d'ancien guerrier divin qu'il accueillit le jeune Grec. Arrivé à sa hauteur, le protecteur d'Artémis le salua d'un signe de tête.

- Général. Je ne vais pas vous importuner bien longtemps. J'étais juste venu voir si tout se passait bien pour vous. Apparemment oui. Je constate avec plaisir et fierté que les gens d'ici font tout leur possible pour faire de votre séjour un moment agréable.

Il sourit à présent à l'encontre du chef militaire.

- Je remarque aussi que vous ne voulez abuser de leur aide. C'est tout à votre honneur. Cependant, il est important que vous sachiez que tous ces gens qui s'affairent mettent un point d'orgueil à vous satisfaire. La réputation d'Artémis en dépend. Peut-être y a-t-il une sorte de concurrence entre les serviteurs des dieux ?

Il leva les yeux songeurs en se grattant le menton.

- Quoi qu'il en soit général, je souhaitais vous poser une question. Je ne sais pas si vous aller me répondre, mais j'aurai bien voulu que vous soyez honnête avec moi. Vous avez finalement acceptez pour ne pas dire que vous avez été contraint de venir ici pour vous mettre sous la protection de ma déesse. La question que je me pose concerne le futur proche. Sur le champs de bataille, allez-vous accepter de suivre les ordres d'Artémis ? Je sais que vous ne rejoignez pas nos rangs, mais comme vous êtes dans son sanctuaire et sous sa protection, je me demande quelles seront vos intentions ? Allez-vous accepter par exemple de mettre la vie de vos hommes en jeu ainsi que la vôtre pour sauver le sanctuaire d'Athéna ? Pour rétablir l'équilibre du monde, c'est la voie que nous allons suivre. Et vous ?

Abercius était heureux d'entendre que Koslov honorerait sa dette. Cet homme avait sans nul doute des défauts, mais force est de constater qu'il faisait preuve de respect et de reconnaissance. Rassuré, l'ange écouta les interrogations du chef militaire.

Le protecteur d'Artémis se demanda s'il était apte à lui répondre. En effet, il se dit que peut-être son jugement était altéré par sa dévotion envers sa déesse et qu'il manquerait d'objectivité dans sa réponse. Abercius se dit qu'il tenterait de lui apporter une réponse correcte.

- Vous avez raison général. Mais qui sommes-nous pour essayer de déterminer les pensées et les buts d'une divinité ? Ainsi, je pourrai vous répondre cependant, ma réponse n'engagera que moi.

Il tourna la tête vers le temple d'Artémis avant de reporter son regard sur Koslov.

- Vous devez savoir qu'Artémis éprouve des sentiments profonds pour sa sœur. Malgré leur dernière rencontre houleuse, elles ont su nouer une relation forte. Il s'agit là du côté subjectif de l'affaire. Objectivement, je pense qu'Artémis refuse de laisser Arès avoir trop de pouvoir et d'emprise en dominant les autres dieux. Qui sait jusqu'où il ira ? Et puis, notre but est de détourner l'esprit d'Ares. Nous souhaitons en effet qu'il reporte son attention sur l’ennemi qui ravage Asgard. Cette coalition de dieux de l'Olympe pourrait se révéler redoutable et décisive pour la victoire.

Il fixait Koslov essayant sans doute de lire les pensées de son interlocuteur afin de sans doute les anticiper.

- Le risque est de voir Athéna et ses troupes reprendre de l'ampleur. Dans ce cas, ma déesse devra se faire violence pour rééquilibrer la balance. Pour l'instant, nous sommes loin de tout ça, alors ne tirons pas de plan sur la comète. Votre rôle, vous le comprenez bien, j'imagine sera déterminant. Qui sait ? Peut-être prendrez-vous goût à participer à l'équilibre du monde !

Un léger rictus accompagnait sa remarque. Koslov avait déjà un passé de guerrier divin et le recruter en tant qu'ange ne serait pas une mauvaise chose.